Raphaël Pomey
Raphaël Pomey

30 juin 2022

Le jour où j’ai entendu un hindou jurer sur le Coran

Ou comment un match de basket avec des ados peut révéler notre désert spirituel.

Inutiles pour développer votre business ou vous ouvrir les chakras: mes publications sont un défouloir personnel où il est interdit de montrer de la « bienveillance » et de « croquer la vie à pleines dents ». Rédacteur en chef du journal « Le Peuple » et philosophe de formation, j’y dégonfle des baudruches et vous oriente vers les auteurs que j’aime.

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Je joue au basket avec un groupe de jeunes à peu près chaque week-end sur un terrain extérieur. Alors que la barre fatidique des 40 piges s’approche gentiment, j’ai plaisir à écouter parler ces mecs de 18 ans, les vanner un peu, me détendre tout simplement.

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Lui, c'est Iverson, l'idole de nos vingt ans.

Par rapport à notre génération de streetballers d’il y a vingt ans, je suis frappé de voir à quel point ces jeunes sont généralement pieux. Les musulmans, les orthodoxes, les catholiques, etc. Tous affichent leurs convictions sans aucun complexe... tant qu’ils ne sont pas Suisses, ou du moins ne se perçoivent pas comme tels.

Normal de croire en rien quand on est Suisse

Le sentiment religieux, et c’est le premier point qui me marque à chaque fois, est toujours plus fort quand les gars sont fraîchement issus de l’immigration. Pourquoi ? J’imagine parce qu’une société comme la nôtre a pour effet de transformer ses habitants en chats coupés, avec le temps, et que nul Dieu n’apparaît nécessaire quand la vie n’est plus vécue essentiellement en termes de survie et d’effort. Il apparaît normal à tout le monde qu’un Suisse dont la famille est présente dans le pays de longue date ne croie en rien.

Il y a dans le groupe un jeune issu de la tradition hindoue, et dont la famille doit être pratiquante. L’autre jour, je l’ai entendu jurer « sur le Coran » durant un match. Il contestait qu’une balle était sortie du terrain, ou qu’elle avait totalement loupé le panier, bref, rien d’important. C’est un moment que j’essaie encore de digérer. Je l’ai questionné dans la foulée et il m’a dit qu’il disait ça « comme ça », sans que cela n’indique une conversion intime à la foi musulmane. Il agissait, donc, par mimétisme vis-à-vis de ses copains. Et c’est cela que je trouve effrayant.



Qu’une volonté de se conformer à la norme, en Suisse, mène à singer l’Islam, alors que la Suisse est de tradition chrétienne, est une chose qui doit nous interpeller. Moins, à mon sens, sur une « conquête » organisée contre nous que sur notre propre désert spirituel. Imagine-t-on un Finlandais débarquer au Yemen et se mettre à jurer sur Vishnou pour se fondre dans le décor ? Une telle hypothèse paraît, à juste titre, totalement absurde et c’est pourtant ce que nous vivons chez nous, sans que personne ne comprenne que c’est grave.

La ferveur ne conduit pas à la guerre mondiale

Je suis, quant à moi, resté fidèle à la religion de mes ancêtres. Je respecte ceux qui en ont une autre et mes jeunes comparses du basket sont là pour me montrer qu’on peut se montrer assez fier et fervent, sans que cela ne dégénère en guerre de religions. Au contraire, je trouve assez rassurant de voir des jeunes issus de pays qui ont parfois des historiques communs douloureux, Serbes et Bosniaques par exemple, dépasser les divisions de l’histoire sans limer leur identité.

Nous sommes, en Europe centrale, les seuls à croire qu’il faut renoncer à être soi-même, planquer nos crèches et oublier les prières qui ont bâti notre civilisation pour qu’on nous accepte.

Quelque chose ne tourne pas rond chez un peuple quand il n’est plus capable d’affirmer son identité culturelle et religieuse. Une terre d’accueil n’en est plus vraiment une quand on y voit des enfants de l’immigration rechercher des normes culturelles chez d’autres enfants de l’immigration. Un christianisme qui s’excuse d’exister est condamné à mourir. Un christianisme dont la seule obsession est « l’ouverture » est condamné à ne faire rêver personne.

Que Dieu nous garde,
Raphaël Pomey

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Raphaël Pomey
Lancé il y a 1 an

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  1. Raphaël Pomey
    Merci.
  2. Chebbi Ines
    Intéressant
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